Un site spécialisé en canulars dépassé par la réalité qu’il a créée
Sur le web, les sites comme Le Gorafi – présentant les pires énormités comme autant d’informations vérifiées – font désormais partie du paysage. C’est ainsi, qu’on vient de l’apprendre : “Les Lutins Urbains, [la fameuse série “7-77 ans” de Renaud Marhic, NDLR] c’était un canular !”
L’homme qui lâche le morceau s’appelle Jérôme Lecongre-Chavrier. Webmaster bien connu de la blogosphère humoristique, il se décharge aujourd’hui d’un secret devenu trop lourd à porter. “Marhic tenait une baraque à crêpes dans le XVe, à deux pas de nos locaux. Nous, ça nous faisait du bien d’aller décompresser chez lui après le boulot. Faut dire, Marhic, c’était pas le dernier pour la déconne : il débouchait les cannettes de chouchen avec les dents, jouait des airs de biniou au kazou, et racontait des blagues belges en breton…” On le comprend, tout aurait pu rester bon enfant. C’était sans compter avec l’étrange marotte de l’intéressé. “Déjà, il connaissait beaucoup d’histoires de nains. Notez, ça nous faisait bien rigoler. Il répétait souvent qu’un jour il ferait un bouquin avec ça. Alors, même si on y croyait pas trop, pour l’aider, on s’est cotisé pour lui acheter un traitement de texte…”
Le coup de l’arroseur arrosé
C’est sur un vieux PC portable déniché aux puces de Saint-Ouen que l’auteur des Lutins Urbains va composer le tome I de sa série… “Quand on a lu ça, bien sûr, on s’est un peu méfié : Marhic avait créé des lutins qui existent d’autant plus qu’il y a de gens à croire en eux. Mais c’était trop tard, le site s’était engagé à lancer un canular pour promouvoir son livre s’il l’écrivait un jour…” La machine infernale est en marche, rien ne l’arrêtera plus. “Ensuite, tout est parti très vite en vrille : Marhic se faisait appeler ‘le Petit Reporter de l’Imaginaire’, posait en photo avec Passe-Temps et Passe-Partout… Mais là où on a eu vraiment la trouille, c’est quand les premiers témoignages sont arrivés à la rédaction : certains voyaient des nains partout !” Le site tente alors de faire marche arrière ; en vain. “On est là pour raconter aux gens que la terre est plate et que les poules ont des dents, alors évidemment quand on leur a dit que les Lutins Urbains n’existaient pas, ils nous ont pas crus…”
Un démenti sans conviction
Interrogé via sa page Facebook, Renaud Marhic – pardon ! le Petit Reporter de l’Imaginaire – réfute mollement cette version des faits : “C’est vrai qu’ils m’ont un peu aidé au début. Mais bon, l’affaire aurait fini par sortir un jour ou l’autre. Et ils étaient les mieux placés pour faire éclater la vérité…”
La rédaction
Photo : © Patchwork Agency, 2016
